L’ARABE LITTÉRAL ET LA LANGUE DE HAMMOURABI
PAR ÉDOUARD DHORME Membre de l'institut Dans son admirable Histoire générale des langues sémitiques, qui forme la première partie, seule parue, de son Histoire générale et système comparé des langues sémitiques (1), Ernest Renan consacre tout un livre, le quatrième, à ce qu’il appelle la «troisième période du développement des langues sémitiques, période arabe». Au chapitre II de ce quatrième livre, le docte orientaliste, en présence du mouvement de l’Islam à ses origines, se demande si l'on n’est pas en droit de dire «que l’Arabie est, de tous les pays, celui qui contrarie le plus toutes les lois qu’on pourrait être tenté d’assigner au développement de l’esprit humain» (2). Et il ajoute: «Parmi les phénomènes que présente cette apparition inattendue d’une conscience nouvelle dans l’humanité, le plus étrange et le plus inexplicable est peut-être la langue arabe elle-même. Cette langue, auparavant inconnue, se montre à nous soudainement dans toute sa (1) L’